Vous vous souvenez de La Lutte des classes (2018) ? Eh bien, le réalisateur Michel Leclerc et sa coscénariste Baya Kasmi réussissent à nouveau le pari de nous faire rire en se moquant à la fois des hommes et des féministes. Le Mélange des genres croque avec humour et intelligence les dynamiques sociopolitiques contemporaines, bousculant les certitudes tout en invitant le spectateur à la réflexion.
D’autant plus que ce dernier film est porté par un casting luxueux : Benjamin Lavernhe en homme déconstruit et Léa Drucker en femme flic réactionnaire ! Un duo parfait pour une comédie policière burlesque sur les effets du mouvement #MeToo. Le Mélange des genres est servi par des dialogues bien écrits, un comique de situation réussi et une troupe de comédiens et comédiennes talentueux : Melha Bedia en militante balourde, Judith Chemla en passionaria dogmatique, Vincent Elbaz en flic borné et mari macho, ou encore Félix Moati. On y trouve même des caméos de Vincent Delerm (qui signe la bande originale) et Virginie Despentes, qui fait une apparition le temps d’un discours engagé.
Simone, une femme flic aux idées conservatrices, infiltre un collectif d’ultra-féministes qu’elle soupçonne de complicité de meurtre sur fond de violences conjugales. Quand sa couverture est menacée, elle accuse le premier homme qu’elle croise de l’avoir violée. Manque de chance, il s’agit de Paul, un homme très ouvert à la cause des femmes, timide qui devient malgré lui le coupable idéal, au grand dam de la policière.
Un rôle d’« homme déconstruit » qui apporte tout le sel à cette comédie très actuelle !
Benjamin Lavernhe a d’ailleurs décroché, avec ce rôle, le Prix d’interprétation masculine au Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez. En face de lui, Léa Drucker incarne avec nuances Simone, cette flic un brin réac, affublée d’un mari qui concentre tous les travers d’une masculinité toxique. Ou quand les genres se mélangent… Le Mélange des genres ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais il reste d’une inventivité peu commune dans le cinéma français.