Black Dog / À ceux qui reprennent la route


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Avec BLACK DOG Guan Hu signe une allégorie saisissante d’un retour à la vie dans un monde qui disparait /  Lauréat du Prix Un Certain Regard à Cannes.

Avec Black Dog, Guan Hu signe une allégorie saisissante d’un retour à la vie dans un monde qui disparaît. Lauréat du Prix Un Certain Regard à Cannes, Black Dog n’est pas en soi un film de genre, mais son réalisateur, Guan Hu, a donné dans le film de guerre et le film rock. Avec cette dernière réalisation, il regarde son pays, la Chine, comme une aberration éminemment cinématographique. Le cinéaste nous narre l’histoire de Lang, un agent communal chargé d’évacuer les chiens errants de sa ville natale, puisqu’un grand projet de refonte urbaine a fait fuir nombre d’habitants, abandonnant les rues aux chiens.

De fait, le décor de Black Dog est naturellement post-apocalyptique : agglomération de semi-ruines et belvédères miteux d’où observer à perte de vue le désert de Gobi où revient Lang (Eddie Pena). L’occasion pour le réalisateur de filmer le quotidien des laissés-pour-compte du développement industriel, mais en un conte moderne à la fois puissant et poétique.

Comme les pauvres chiens destinés à mourir de faim, les habitants s’entretuent et périssent peu à peu.

Lang ne peut pas sortir du périmètre de la ville. Désormais perdu, il vit presque mutique. Seule sa sœur, à travers un téléphone, parvient à lui arracher quelques mots timides. C’est là qu’entre deux immeubles, Lang se soulage. Un lévrier noir et efflanqué le chasse alors pour uriner lui aussi sur sa marque. Guan Hu réussit à éviter le misérabilisme en misant sur l’humour : il maîtrise à merveille le comique de situation !

Il y a beaucoup d’animaux : des chiens, des tigres et des loups. Lang et d’autres capturent les canins pour un salaire misérable. À l’ombre des regards, le réalisateur peint le touchant portrait de deux parias, deux créatures brisées qui trouvent en l’autre une opportunité de croire en un futur plus séduisant que le présent.