

La Convocation, premier long métrage de Halfdan Ullmann Tøndel plonge le spectateur dans un huis clos suffocant où jalousie, mensonges et non-dits s’entrechoquent entre suspense psychologique et performance contemporaine. Les grands films opèrent souvent ainsi, par soustraction : une école sans enfants, un procès sans faits établis et une délibération sans victime ni suspect et La Convocation en est un parfait exemple !

Une mère de famille confrontée à l’accusation d’agression sexuelle de son fils contre un autre enfant, voici en quelques lignes ce premier long métrage déroutant qui s’échine à battre en brèche nos certitudes.
À commencer par les enfants – l’enfant accusé d’agression sexuelle et le gamin de 6 ans qui en aurait été victime – qui resteront quasi toujours hors champ. Car le vrai personnage central est Elisabeth (Renate Reinsve, prix d’interprétation à Cannes 2021), la mère du présumé agresseur, comédienne à qui les autorités de l’école ont demandé de venir et trouver un arrangement avec les parents de l’autre enfant afin que le scandale n’éclabousse pas l’institution. Tout ce petit monde a cependant bien du mal à expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Les récits des enfants s’opposent, les points de vue s’affrontent, jusqu’à faire trembler les certitudes des adultes…

C’est au spectateur de scruter les réactions et de comprendre entre les lignes. Alors que la première partie de La Convocation est très dialoguée, les mots se font de plus en plus rares et laissent progressivement place à l’intensité d’une tragédie grecque !
Grand-mère Liv & grand-père Ingmar adhèreraient complètement !

La Convocation signé Halfdan Ullmann Tøndel, descendant de Liv Ullmann et Ingmar Bergman est un premier long-métrage d’une rare maîtrise, justement récompensé en mai dernier par la Camera d’Or au festival de Cannes.