

Spécialiste du genre, aussi bien au scénario (Le Nom des gens, Le Mélange des genres) que derrière la caméra (Youssef Salem a du succès), Baya Kasmi nous offre avec Mikado un chemin de traverse où une famille de marginaux transforme la vie d’un professeur de collège bougon et de sa fille endeuillée.
Ce film n’a de légèreté qu’en apparence. Comme au jeu de mikado, où l’on ne doit pas faire bouger d’autres baguettes que celle qu’on retire, la cinéaste joue finement pour éclairer les cœurs par petites touches.

Avec leurs deux enfants, Nuage et Zéphyr, Laetitia et Mikado vivent sur les routes dans un van. Mais une panne de moteur met fin à cette vie de bohème. Contraints de s’installer le temps d’un été chez Vincent, un enseignant qui vit seul avec sa fille, ils entament une parenthèse enchantée qui pourrait bien bouleverser l’équilibre de toute la famille. Nuage, la fille aînée, commence à rêver d’une vie normale, ce qui inquiète son père Mikado.
L’actrice, circassienne et metteuse en scène Vimala Pons brille aux côtés de Félix Moati, ainsi que des jeunes Louis Obry, Saül Benchetrit et Patience Munchenbach.
La réalisatrice aborde la question de l’anticonformisme sans moralisme, avec une bienveillance qui rappelle Captain Fantastic (2016) de Matt Ross, où Viggo Mortensen incarnait un père farouche et aimant guidant ses enfants dans les forêts sauvages. Comme lui, la famille de Mikado représente une utopie tendre, en rupture avec le monde extérieur. Mikado, c’est l’effort sincère et imparfait pour offrir le meilleur à ceux qu’on chérit, un portrait sans filtre d’une famille unie par un amour profond.

C’est ainsi que le film de Baya Kasmi pose un regard doux, généreux et nuancé sur l’anticonformisme !